Louis Floutier (1882-1936)
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Louis-Benjamin Floutier - Photo La Pelote basque – La Côte enchantée, 1932 |
Louis Floutier (1882-1936) n’est pas né en Pays basque, mais à Toulouse, en 1882. C’est là-bas, à l’École des Beaux-arts qu’il entame son instruction artistique. Lauréat de l’école, il juge cependant ne pas en savoir assez, et enchaîne avec l’École des beaux-arts de Paris, dont il sortira lauréat également. Très vite, il enchaîne les récompenses (premier logiste au Concours du Prix de Rome en 1905, deuxième prix Chevanard…) et commence à se faire un nom.
La guerre viendra toutefois bousculer son parcours. Engagé volontaire, il décide de mettre son art au service du pays et rejoint le 13e Régiment d’Artillerie et le 1er Génie, comme camoufleur. En 1919, la guerre terminée, il ne retournera pas à Paris, mais s’installera à Saint-Jean-de-Luz et créera, avec Lukas et Etienne Vilotte – deux artistes qu’il a connus dans les tranchées – la poterie d’art de Ciboure. Il y travaillera deux ans, à décorer des poteries en grès et à créer un nouvel art-déco basque mêlant formes et inspirations de la Grèce Antique à un régionalisme basque moderne. La poterie poursuivra son existence jusqu’en 1995, avec un grand succès, mais les œuvres des premières années restent aujourd’hui encore les plus recherchées, notamment par des esthètes tels que Karl Lagerfeld qui y a consacré un livre en 2005.
En 1922, il s’installe seul dans un atelier de la Pergola de Saint-Jean-de-Luz et se consacre à la peinture du Pays basque, ses paysages, ses coutumes et ses habitants. A sa mort en 1936 à Saint-Jean-de-Luz, il laisse derrière lui plus d’un millier d’œuvres, aujourd’hui dispersées dans des collections privées ou publiques.
L’amour du Pays basque
Floutier n’est pas venu au Pays basque par choix, mais par hasard. Et l’attachement n’est pas immédiat : « Ce pays ne s’offre point, il ne vous fait aucune avance : on ne l’apprécie et on ne l’aime vraiment qu’à la longue. » Cependant, promener son chevalet d’Urrugne à Ascain, de Saint-Jean-de-Luz à Mutriku, étudier les nuances des couleurs de l’ajonc ou vérifier si en amont d’Arnaga « la Nive est plus bleue » le feront vite changer d’avis. Amoureux de la lumière comme beaucoup d’artistes de la mouvance impressionniste, il est rapidement conquis par la mer, la montagne et les façades blanches des fermes du Labourd.
S’il est renommé en tant que paysagiste, Floutier s’intéresse également beaucoup aux personnes. Il peindra – ou dessinera – de nombreuses scènes de rencontres, de danse ou de jeux. Il s’intéressera beaucoup à la pelote, peindra de nombreuses parties sur de nombreux frontons et dessinera de nombreux joueurs, tentant de reproduire la « souplesse des attitudes » de ce jeu. Son intérêt est tel que le magazine La Pelote basque – La Côte enchantée lui rendra hommage dans son édition de 1932
Pelote, jeux de quille et fandango
Les trois œuvres présentées ici sont des acquisitions récentes de la médiathèque de Bayonne, réalisées avec le concours du FRAB Aquitaine en 2014 et 2016.
Toutes trois sont des gravures au pochoir en couleur représentant des scènes typiques, voire folkloriques, du Pays basque : la danse, les quilles et la pelote.
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Sur la première, intitulée [danse basque] et réalisée aux alentours de 1922, on aperçoit quatre danseurs et deux musiciens (txistu et tambours) en action, dansant ce qui pourrait bien être un fandango. Les vêtements oscillent entre costumes traditionnels et costumes de ville, mais tous portent des espadrilles et les hommes portent un béret.
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La seconde, intitulée [La partie de jeu de quilles au Pays Basque], fait partie de la même collection et date sûrement de la même époque. Y est représenté un joueur de quilles, s’apprêtant à lancer une boule de bois sur l’une des trois quilles placées face à lui, sous le regard attentif de deux hommes debout – sûrement ses concurrents – pendant que deux autres discutent sur un banc. Une bouteille et un verre de vin rouge traînent à leurs côtés et chaque tête est, évidement, recouverte d’un béret.
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La troisième représente une partie de pelote à main nue sur le fronton de Dantxaria. Les joueurs de pelote en action sont placés dans un décor réel qui semble, avec les détails de l’arrière-plan et les jeux d’ombres sur les pierres ou les xamarra des spectateurs, avoir été saisi sur le vif.
Les œuvres numérisées
Retrouver la version numérique de ces œuvres sur Bilketa :
- [Danse basque] : http://gordailu.bilketa.eus/zoom.php?q=id:384975
- [La partie de jeu de quille au Pays basque] : http://gordailu.bilketa.eus/zoom.php?q=id:384976
- [Pelote] : http://gordailu.bilketa.eus/zoom.php?q=id:384977
Bibliographie
- Sur Floutier :
- Catalogue raisonné de l'oeuvre de Louis Floutier, 1882-1936, Mary-Anne Prunet, 2017
- La Pelote basque – La Côte enchantée, 1932
- Un siècle de peinture au Pays basque 1850-1950, Alexandre Hurel et Michel de Jaureguiberry, Editions Pimientos, 2006
- Site internet : www.floutier.com
- Sur la poterie d’art de Ciboure :
- Les vases de Ciboure – l’illusion de l’idéal, Karl Lagerfeld, Editions Steidl, 2005
- Le festin Hors-série – Le Pays basque en 101 sites et monuments, 2013