"(…) Le troisième jour, comme il ne disait rien. Moi qui l’avais connu plus raconteur naguère, je m’approchai de l’homme et je lui dis : « Eh bien. Cette guerre ? »
« Oh ! » dit-il, en levant ses deux petits yeux d’or qui n’avaient si longtemps vu que les Pyrénées, « Oh !... » Et ses yeux avaient des prunelles encor étonnées.
Et comme sur son front la marque du béret commençait d’effacer un peu celle du casque, je supposais déjà qu’il ne me répondrait que du basque ;
Mais il dit, en français : « Oh ! je ne savais pas que la France... c’était tant de choses ! » Puis, grave, Le faucheur se remit à cadencer son pas Dans l’emblave. (
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Edmond Rostand (1868-1918) auteur de la célèbre pièce Cyrano de Bergerac, et créateur de la villa Arnaga à Cambo a connu la première guerre mondiale durant les dernières années de sa vie.
En 1915, avant le plus gros des combats et les charniers des batailles de tranchée, il écrit Le Vol de la Marseillaise, une ode violente, guerrière et nationaliste qui contraste avec ses écrits précédents.
Au sein de ce recueil de poésie, Le faucheur basque raconte le retour de guerre d’un paysan basque permissionnaire, et – à demi-mot d’un côté, avec exaltation de l’autre – l’émergence d’un nationalisme français dans ces classes paysannes touchées par la guerre.
Le texte ne sera publié qu’en 1919, après la mort de l’auteur.
Ecoutez le poème déclamé Par Mary Marquet dans sa version de 1926 sur le portail des Bibliothèques municipales spécialisées de Paris : http://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000374881/0001A
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